GUINÉE INDÉPENDANTE : HOMMAGE RENDU À SAÏFOULAYE DIALLO FIDÈLE COMPAGNON DE LUTTE D’AHMED SÉKOU TOURÉ ET NOTAIRE DE LA SOUVERAINETÉ GUINEENNE

Hommage à Saïfoulaye Diallo fidèle compagnon d’Ahmed Sékou Touré et notaire de la souveraineté guinéenne

Le 2 octobre 1958, dans le silence solennel du Palais du Gouvernement, une voix calme et grave s’éleva pour dire au monde que la Guinée, désormais, se tiendrait debout et libre. Cette voix, c’était celle de Saïfoulaye Diallo.
Ce jour-là, il ne fut pas seulement un témoin de l’histoire, mais l’homme qui donna forme juridique et politique à la liberté d’un peuple. Par sa parole, la souveraineté guinéenne devint acte, la volonté populaire devint loi, et l’indépendance prit le sceau de la légitimité nationale.

L’homme d’une génération de bâtisseurs

Né à Labé en 1923, Saïfoulaye Diallo appartient à cette génération de fils d’Afrique que l’école coloniale forma, mais que la conscience nationale éveilla.

Instituteur, administrateur, homme d’ordre et de devoir, il allia la rigueur du fonctionnaire à la noblesse du patriote.

Sa marche vers la politique ne fut pas celle d’un ambitieux, mais d’un homme convaincu que la dignité d’un peuple commence par la maîtrise de sa destinée.

Son engagement au sein du Parti Démocratique de Guinée (PDG-RDA) fut total. Aux côtés d’Ahmed Sékou Touré, il mena le combat pour le « Non » historique au référendum du 28 septembre 1958, dans un climat de menaces et de pressions.
Et quand vint l’heure de vérité, c’est à lui que revint le devoir d’enregistrer, d’authentifier, d’officialiser la volonté du peuple souverain. Il fut, à cet instant, le notaire de la liberté guinéenne.

L’homme de l’État et de la mesure

Après l’indépendance, Saïfoulaye Diallo demeura fidèle à l’idéal du PDG : bâtir un État souverain, organisé et respecté.

Président de l’Assemblée nationale, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères ; il servit la République avec une constance exemplaire.
Là où d’autres cherchaient la lumière des tribunes, lui choisit la discrétion du travail bien fait.
Là où certains se laissaient griser par le pouvoir, lui incarna la sobriété républicaine.

Dans l’ombre de Sékou Touré, il fut une lumière tranquille : celle de la loyauté, de la patience et de la rigueur.
Homme de consensus, il représentait cette vertu rare des grands serviteurs : agir sans bruit, décider sans fracas, bâtir sans réclamer la gloire.

La fidélité comme ligne de vie

Jamais il ne renia ses convictions, jamais il ne trahit son serment de fidélité à la nation.
Dans les heures de tension comme dans les moments d’allégresse, Saïfoulaye Diallo resta droit, digne, loyal.
Certains y virent un conformisme politique ; d’autres y reconnaissent aujourd’hui une fidélité lucide à la souveraineté nationale.
Car il savait, lui, que les États se construisent non sur le tumulte, mais sur la continuité, non sur la colère, mais sur la conviction.

L’héritage d’un homme juste

Saïfoulaye Diallo s’éteignit en 1981, laissant derrière lui un héritage silencieux mais immense.
Il n’a pas laissé de slogans : il a laissé des institutions.
Il n’a pas laissé d’éclats : il a laissé une méthode, une droiture, une signature de l’État.

Aujourd’hui encore, son nom résonne avec la même sobriété que son geste du 2 octobre 1958 : ferme, digne, inoubliable.
Il incarne cette race d’hommes d’État que l’histoire n’élève pas toujours sur ses podiums, mais qu’elle garde dans sa mémoire comme des repères de sagesse et de loyauté.

Mémoire et gratitude

À travers lui, c’est toute une génération que la Guinée salue : celle des bâtisseurs, des pionniers, des serviteurs fidèles.
Saïfoulaye Diallo n’a pas seulement proclamé l’indépendance de la Guinée — il l’a incarnée, par sa constance, son intégrité et son sens du devoir.

Homme de parole, homme d’État, homme de fidélité, il fut, est et restera à jamais le notaire de la souveraineté guinéenne, celui qui, par la voix du peuple, fit entrer la Guinée dans l’histoire.

Merci pour la somme des services rendus à la Patrie.

Que firdaws soit sa demeure éternelle.

CHEICK TIANE TRAORÉ COORDINATEUR ET VICE-PRÉSIDENT DE L’AFP