La comédie des candidatures et l’ombre de la caution de 900 millions GNF alors que la date limite de dépôt des candidatures pour la présidentielle du 28 décembre est passée, la course à la Cour suprême révèle une première sélection. Mais l’étape protocolaire du dépôt ne doit pas tromper : elle n’est que le prélude à un obstacle bien plus redoutable, celui du paiement d’une caution colossale de 900 millions de francs guinéens, une somme qui exclut d’office une grande partie des prétendants. Le lundi 3 novembre 2025 marquait la date limite pour le dépôt des candidatures auprès de la Cour suprême. Cette formalité est essentielle pour entrer dans la course, mais elle n’est en rien un gage de qualification finale.Parmi les candidats ayant effectué cette démarche, on trouve d’anciennes personnalités politiques comme les ex-ministres Ousmane Kaba et Amadou Thierno Diallo, l’ancien Premier Ministre Lansana Kouyaté, ou encore Ben Youssouf Keita. Le candidat le plus médiatisé reste toutefois le Président de laTransition, le Général Mamady Doumbouya, arrivé entouré de forces spéciales pour remettre son dossier, acclamé par des milliers de supporters.Le dépôt d’un dossier à la Cour suprême ne signifie aucunement que le candidat a déjà acquitté la caution électorale. Cette dernière, dont le montant s’élève à 900 millions de francs guinéens (environ 100 000 dollars US), constitue l’obstacle financier décisif. Dans un pays où une grande partie de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, cette somme est prohibitivement élevée.C’est à ce stade que la « comédie guinéenne » dénoncée par certains observateurs prend tout son sens. Des prétendants peuvent ainsi jouer une partition médiatique, faisant croire qu’ils sont pleinement dans la course en déposant symboliquement leur candidature, alors qu’ils savent pertinemment ne pas avoir les moyens de s’acquitter de cette caution quelques jours plus tard. Cette stratégie permet de maintenir une visibilité politique et d’entretenir un suspense, mais elle masque mal les réalités économiques qui structurent le jeu électoral.La Cour suprême a désormais jusqu’au 13 novembre 2025 pour publier la liste définitive des candidats. Cette publication officialisera quels prétendants ont non seulement rempli les conditions formelles, mais ont aussi réglé la fameuse caution.Ce premier scrutin présidentiel depuis le coup d’État de 2021 est donc un test crucial.
PAR CALEB KOLIÉ